Les professionnels des mathématiques ont ceci en commun que les mathématiques ont suscité chez eux des émotions positives. On pourra tous penser à quelques exceptions, mais globalement notre relation aux mathématiques est plus teintée d’affection ou d’amour que de rejet ou de dégoût.
Or certains publics vivent les mathématiques avec bien plus de douleur que nous, ce qui peut rendre caducs nos efforts pour les aider à avancer et progresser. En effet, si un élève bute sur une difficulté mais que sa curiosité est intacte, les efforts pédagogiques et didactiques ont de bonnes chances de succès. Inversement, une réaction naturelle de l’organisme face à un stress excessif est de paralyser les facultés cognitives, entre autres symptômes.
Les conversations avec des personnes hors de la communauté mathématique montrent que la plupart des gens ont souffert et gardent un souvenir de souffrance quand elles parlent de mathématiques, à tel point que l’on est soulagé quand quelqu’un nous dit « moi j’aimais bien ». Il semble donc que le niveau de stress soit très élevé chez la plupart des gens quand ils ont fait des mathématiques.
Bien que ces constatations soient courantes, ce n’est que récemment que se sont multipliées les études sur ce qu’on appelle maintenant « l’anxiété mathématique ». Le champ est donc en pleine germination et semble être un complément précieux aux efforts en didactique.
Nous proposons donc :
- d’identifier des études qui donneraient un ordre de grandeur quant à la proportion d’élèves pour qui les mathématiques sont associées à l’anxiété, éventuellement en distinguant les filières d’études,
- de faire des ponts avec des travaux sur l’anxiété afin d’aider à remettre en selle des élèves, en espérant qu’ils puissent reprendre leur progression.
Nous imaginons deux champs d’application différents :
- un public jeune ; nous fournirions des outils aux enseignants pour fluidifier l’enseignement en mathématiques,
- un public de jeunes adultes qui se destinent à être professeurs des écoles mais pour qui les mathématiques sont une souffrance. Par exemple, un étudiant en histoire-géographie qui souffre en mathématiques va préparer le concours pour avoir une note décente, mais on peut deviner que ces difficultés coloreront son enseignement quand il aura des classes. En particulier, certains enfants seront sensibles à l’attitude de l’enseignant pendant le cours et risquent d’associer la matière et l’anxiété de son enseignant quand il enseigne cette matière.
Membres du groupe en 2021-2022 :
Murielle GUILLAUME
Carine HUIN
Vladimir LATOCHA – Responsable du groupe
Vincent NORMANT
Anne-Claudine SCHNEIDER
